La jeunesse n’est pas faite pour les plaisirs, elle est faite pour l’héroïsme, disait Paul Claudel.
Cette citation dont le Réseau saint Benoît a fait sa devise, a été illustrée par la vie et la mort du colonel Arnaud Beltrame, sauvagement égorgé le 24 mars 2018 par un terroriste musulman, après s’être substitué à une femme prise en otage, à Trèbes, près de Carcassonne.
Alors que mai 68 a trainé dans la boue le métier des armes et que la dictature du consumérisme impose le choix d’une carrière lucrative pour les esprits brillants, Arnaud Beltrame a fait fi de l’air du temps pour consacrer, dès sa jeunesse, sa vie à un idéal plus grand que lui : la défense de la patrie. Il rejoindra d’abord l’École militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, d’où il sortira major en 1999, auréolé du respect de ses supérieurs qui voient en lui un « militaire qui se bat jusqu’au bout et n’abandonne jamais ». En 2003, il intégrera le très sélectif GSIGN (actuel GIGN). En 2005, il sera déployé en Irak comme parachutiste, où il recevra « la croix de la valeur militaire avec citation à l’ordre de la brigade ». Il poursuivra ensuite sa carrière en métropole avec droiture et dévouement jusqu’à ce jour tragique de mars où son sacrifice héroïque a réveillé une France assoupie qui avait oublié qu’elle fut terre de chevalerie…
L’un des camarades de promotion d’Arnaud Beltrame, raconte à ce propos qu’un jour ce dernier lui confia : « tu sais David, on est les derniers chevaliers ». Et ce même camarade d’ajouter « certains, ça les faisait rigoler, mais quand on voit ce qu’il a fait… Ce n’était pas des mots vains. »
Chevalier, Arnaud Beltrame l’était d’abord par son sens de l’honneur qui exigea de lui qu’il aille jusqu’au bout pour demeurer fidèle à son engagement de servir et protéger. Chevalier, le lieutenant-colonel, l’a été en faisant don de sa vie pour défendre « la veuve et l’orphelin ». Chevalier, Beltrame le fut, enfin, par sa foi catholique qui le fit mettre en acte les paroles de l’Evangile « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».
Comment ne pas penser ici à autre chevalier, saint Maximilien Kolbe, le chevalier de l’Immaculée, comme il se désignait lui-même, qui donna sa vie en échange de celle d’un autre prisonnier à Auschwitz ? Chevalerie, honneur, patrie, fidélité, sacrifice : autant d’idéaux ressuscités par la mort d’Arnaud Berltrame, que notre époque cynique et corrompue croyait pourtant avoir enterrés pour toujours… C’était oublier, comme le disait fort justement le Professeur Plínio Corrêa de Oliveira, inspirateur de la Fédération Pro-Europa Christiana, que « le sourire des sceptiques n’a jamais réussi à arrêter la marche victorieuse des hommes de foi. »
Antony Burckhardt
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